dimanche 27 décembre 2009

Mue nécessaire, le retour (la boucle > bouclée)


Il y a un an, retour de Hong-Kong, reboost après des mois, voire des années de petite mort, d'enlisement dans un cloaque abject, dépressif, fangeux et onctueux. Par lequel, techniquement, il semble que nous devions tous passer - si tant est que nous soyions munis de cerveaux et d'un parcours de vie classique ponctué par ce qu'on appelle "de violentes prises de murs dans la face".


Tenir ce blog est apparu comme une contrainte saine, une sortie de crise, un jouet qui obligerait à faire, lire, voir puis raconter, un exercice de pseudo écriture, un media à la ligne rédactionnelle floue, une activité terriblement égoïste - blogosphère my ass - assez jouissive aussi, un trait d'union en direction de ceux qui sont loin, un rendez-vous avec mes doigts qui courent, un rituel de fille bourrée qui, une fois rentrée chez elle en tanguant, a préféré opter pour le tapotement des touches plutôt que le chialage de veau sous la mère sous la douche.


Un an après, constat fébrile. Le moral qui va mieux, dé-Soulagisation du quotidien, de la couleur par touches discrètes, un biotope perso assaini, une situation de moins en moins psychédélique au travail, mais de plus en plus intolérable rapport au bonheur éprouvé à ne pas y être, prise de distance bienvenue même si encore un peu de chemin à effectuer. De jolies parenthèses avec les gens aimés, moments pansements qui ont fait beaucoup de bien et ont permis la reconstruction.


Des esquisses de projets autres, des aspirations nouvelles, l'envie d'investir d'autres lieux, du temps à consacrer à d'autres choses font que je n'ai plus besoin de ce blog et je n'ai plus envie d'y écrire.

Merci à ceux qui ont commenté, qui ont dit des mots, envoyé du chaud et validé la petite musique. Outre les gens vivants, elle voudrait aussi remercier la musique white trash métal de ses 13 ans - qui a activement participé à sa résurrection - ainsi que (dans le désordre) le vin rouge, les films d'horreur, les voyages, la SF, une dizaine de paires de chaussures à talons de pupute et le caramel au beurre salé, quelle que soit la forme divine qu'il choisit d'emprunter.


(Elle battit des mains et s'enfonça en frissonnant dans la forêt...)

dimanche 29 novembre 2009

Kawaïeries

Etant entendu que, forte d'une personnalité darkisanto-cynique, je ne puis adhérer à Hello Kitty et autres animaux totems trop pleins de courbes niaiso-pioutes, il a fallu que je trouve un exutoire à ma tendresse-de-fille-pour-des-objets-régressifs.

J'ai opté pour les trucs qui ont l'air con. J'ai déjà hurlé, en caisse, exhortant mon conducteur à s'arrêter, juste à la vue d'un hérisson géant en peluche qui avait vraiment vraiment l'air débilou et que je voulais d'amour.

Chez moi, entre une peinture sataniste et un tableau d'Assadour, j'accumule donc des débilouseries.

Cette peluche de ceinture, gracieusement offerte par Da D' & sa mie. Je l'ai customisée en lui enfonçant un délicat poignard de chez moi dans les entrailles, pasque sinon il était trop kawaï.


Cette méduse facétieuse, qui doit servir de lampe rapport à son orfice crânien, mais que j'ai posée sur mon bouquin de Martin Parr, rapport à la cohérence.


Mais depuis quelques temps, ces objets ont trouvé leur maître.

Poussinou.


Poussinou est un objet de désir immédiat, je l'ai vu, je l'ai voulu. Tricoté à la main par une Ketty qui n'est pas dépourvue de talent, on le trouve chez Monsieur Poulet. Tout en lui me bouleverse : ses pattounes rachitiques qu'un léger souffle de vent fait tressauter. Son poing levé en guise de check totalement street. Sa casquette love, qui résume à elle seule tout le rose et la douceur que Poussinou peut apporter à ta vie, consommateur. Sa rondeur parfaite, certainement calculée à partir du Nombre d'Or. Son bec malicieux. Et la totale séduction qu'il exerce sur tout ce qui est muni de seins et d'une bouche pour faire "Rhoo non mais il est trop mignon je le veux tu l'as trouvé oùùù ?".

La maman de Poussinou, c'est Ketty,
sa marque s'appelle Ketty Sean Doll & Plush

Chez Monsieur Poulet, nom de dieu. Et tu lâches Poussinou, ou je t'enfonce un trombone dans la narine et je te chatouille.

Monsieur Poulet, the shop, se trouve 24 rue de Sévigné dans le 4ème arrondissement.

Maintenant, je vais aller manger de la viande.

jeudi 26 novembre 2009

Message personnel à Rick Owens

Rick, stop.

Arrêêête.

Arrête de faire des choses belles, mais douloureusement inabordables. Arrête de créer les vestes les plus Fremeniennes de l'univers, qui donneraient de l'allure même à un veau marengo. Et de les vendre à 2 500 euros minimum.

Ca suffit.

Je n'en puis plus.

La vendeuse du Bon Marché sait, quand elle me voit arriver, que je vais me frotter à tes peaux d'animaux morts en beuglant mon chagrin, ma douleur immémoriale, ma frustration, mon envie de défier la loi sur les transactions commerciales et de courir vite avec la frusque sous le coude, les yeux brillants.

Cette radasse attend juste le jour où elle pourra appeler la sécurité parce que j'aurai perdu mon flegme britannique et que je m'enroulerai dans mon modèle préféré en l'agrippant avec mes serres, telle la fière Sayyadina du désert que je suis.

Et maintenant des bottes ? You. Fucking. Pervert.

Mais comment je coucherais avec un gnou UMPiste pour les obtenir (avis aux gnous de droite attirés par les connasses brunes superficielles légèrement addicts à Rick Owens mais qui n'ont clairement pas les moyens de leur politique - le monde entier sait que le gnou étant essentiellement socialiste, c'est juste une indecent proposal pour rire, en ce moment je couche gratuit, c't'une révolution, la vie ne m'apprend rien).

Les Bottes (silence religieux).

Photo de Jak&Jil, subtilisée sur le blog du même nom
(que il faut cliquer sur blog pour y arriver),
une torture quotidienne pour une fétichiste de la chaussure,
en bref, c'est du talent & du talon.

lundi 23 novembre 2009

Cinéma coréen, tu es euh mien ? Bien ? (ouais bon ben si vous avez une meilleure idée de titre...)

Aujourd'hui, malade comme quand on est malade.

Alors du coup, parlons cinéma.

Malgré une nippophilie assumée, ces dernières années, en termes de cinéma, j'effectue un lent mouvement de reptation vers la Corée. Saturation de films japoniso-verdâtres, avec du macabre et du evil spirit dedans. Léger ras-le-bol des diaphanes jeunes filles en fleur qui font le sexe torride et rentrent jouer à Hello Kitty avec leur air de ne pas y toucher (tsssk).

La Corée, en revanche (geste emphatique avec les bras et points de suspension...)

Ca m'a l'air plus sale, moins sous contrôle que le Japon. Une asie corrompue par le christianisme, ça fait de super bons films. Park Chan Wook, par exemple, et sa trilogie : Sympathy for M. Vengeance, Old Boy et Lady Vengeance. Un tryptique dont bien des gens ont dit beaucoup de mal : esthétisant, cruel, ultra-violent, facile, grandiloquent. Oui, c'est vrai. Et rhooo, ben dis donc, comme une connasse, j'ai vachement aimé.

L'immersion dans l'univers du réalisateur s'est faite via "Sympathy" : je me rappelle de mes hoquets de dégoût pendant le matage du film. Souvenir assez précis de la bande-son (les os qui craquent), des thèmes centraux colère-vengeance-violence, le sexe asiatique enfin sali et entaché de ce qui fait mon quotidien : ces putains de valeurs chrétiennes, qui compliquent tout, en rendant ce tout visqueux et collant comme du natto. Puis "Old Boy", film magistral d'une perversité absolue, avec pour apex ce plan séquence où le héros pulvérise une bonne centaine de connards avec ses poings et un marteau (aucune symbolique post-communiste à y voir là dedans, hein, que les choses soient claires).

Et pour finir Lady Vengeance, qui m'a fait hoqueter de tristesse en tordant mes doigts sur le joli fauteuil rouge du cinéma. Parce que tous ces sentiments troubles et assez peu valorisés socialement il faut bien le dire (surtout quand tu es une fille - la haine, la colère, le poing qui part un peu tout seul, tout ça) c'est du travail, pour le garder dedans, et surtout pour tenter de le dissoudre dans la raison et la prise de distance, la parole du Christ Roi et les jupes qui tournent. En sortant du ciné, les yeux bouffis par le trop plein d'amour, je voulais faire un bisou à Lady V, mais nos schedules étant assez peu compatibles, j'en ai juste fait mon icône christique, I want to be white too.


Breeeef. Hier soir, visionnage de Locataires, de Kim Ki-Duk. Descriptif qui ne donne pas envie : une douce anesthésie, une heure trente de film émaillée de 12 lignes de dialogue, un jeune homme quelque peu alterno dans son approche du quotidien, du genre qui squatte les apparts momentanément délaissés sans y rien voler ; une femme battue, belle bien entendu, ils se croisent, ne se quittent plus, enfin si sinon pas de tension dramatique ; on note la présence redondante et rebondissante de nombreuses balles de golf qui disent bien des choses en filigrane à ceux qui veulent bien y penser et puis voilààà.

Plus sérieusement quoique pas tellement, il faut voir ce film parce que :
Ghafsa, cette sublime chanson de Natacha Atlas vient rythmer de manière lancinante et tragique les images de l'amour qui se contruit ; j'étais émue d'entendre ma langue faite de miel et de kalashnikov dire l'amour coréen.
Les regards des deux acteurs, leur sourires de créatures facétieuses qui subodorent que ça ne va pas durer.
Le grand rien des ensembles urbains oppressants qui finiront par avoir notre peau, les gens navrants qui y grouillent, la police aussi laide là-bas qu'ailleurs, les vieux maris pourris, leur bouches veules.
Les belles images qui disent les choses tristes des gens tous seuls, la grâce de l'acteur qui apprend à se faire ombre de lui-même, et ce baiser final fait de compromis puisque la vie est souvent moche mais qu'on veut quand même embrasser les garçons qui nous plaisent. Un film beau et douloureux, et la certitude pour ceux qui auront du mal à se réinventer, que l'on peut aussi se rêver, et ma foi, c'est déjà pas dégueu.


mercredi 18 novembre 2009

Happiness : ugly hippy shit

Dans l'ordre :

- Je n'ai (plus trop) envie de bologuer. J'ai très envie de consacrer mon temps de cerveau disponible à ne plus poser de regard critico-cynique sur, globalement, rien. C'est pas que la vie est soudain devenue belle, c'est que là tout de suite je m'en fous, géopolitique mon cul, tout ça.
(A la place, je m'exfolie les jambes trois fois par semaine, je bois du vin et j'envisage les mois à venir avec une relative sérénité. Voire même, avec une excitation dépourvue, et c'est rare, de tout voile dark pudique que l'on ramène par facilité sur toute source de joie de façon à se prémunir de l'horreur de la phase de décristallisation vous pouvez respirer et je vais même mettre un point à la ligne.)

- J'ai très envie de me retrouver là, ci-dessous par devers vous, en famille, d'ici quelques semaines.
(Elle va se faire le putain de voyage "lagon bleu azur et plage blanche et coquetaile et rien", si ce n'est l'intégrale de Dune à relire, les orteils enfoncés dans un sable plus clément que celui d'Arrakis, hate me now, balance la vanne, marbre moi la gueule, ta haine me servira d'onguent solaiiiiire)


- J'ai de façon inopinée et subite tout aussi envie de travailler mon jeté de jambes et d'apprendre à me faire un chignon austère, qui équilibrera la sexytude de mes escarpins de fillasse.
(Elle va prendre des cours de tango, le premier qui rit aura raison)


- Les journées de travail sont, encore et toujours anxiogènes et usantes. Mais à la nano-seconde où je quitte la Corporation, je ris avec mes dents.
(Elle croit savoir que ça s'appelle le recul) (Et bon OK, elle a un mec, éventuellement, elle vous en informe quelque peu tardivement lectorat toi lectorat car globalement tu t'en fous mais j'avais tellement cassé les couilles dans ma phase "célibataire tire- toi une balle et meurs, décède dans des souffrances atroces" que bon)

Du clichés du début de Quelque Chose Qui Ne Semble Pas Totalement Voué à un Echec Cuisant au Bout d'Une Heure et Demi ? Strictement rien à en dire, sinon que fort consciencieusement, je tape pile poil dedans, en tirant la langue d'un air appliqué. Rha, les regards de "je te scanne l'âme là tout de suite so you better behave young man" et en fait rien du tout, je ne vois rien du tout bon à part ses yeux, ça se trouve il se récite intérieurement sa liste de courses et moi je récite du Shelley sur un promontoire balayé par les vents violents des sanglots de l'automne monotone merde. Les debriefs débiles aux copines coites qui te tâtent le pli du coude pour être sûres que c'est toi, Darkina Radasse, Princesse Connasse devant l'éternel, dont le rôle ces derniers temps se cantonnait à raconter de manière non tragique mais consternante, avec des gestes et des citations, ses absurdes rencontres avec des mâles non compatibles...


Bon en même temps je continue à m'embrouiller au moins une fois par jour dans le métro et à écouter Guns'N'Roses, donc ça va, mon ADN n'a pas été complètement corrompu, les fondamentaux résistent, gnnn.

mercredi 4 novembre 2009

Cheval, Cow-boy et Indien (et Steven) (et Gérard) (et Mademoiselle Longrée)

Un film qualifié d'"éclat de rire de la Croisette", ça fait peur a priori. On se dit ouais bon, on visualise Evelyne Bouix morte de rire et on est pas trop sûr, du coup, de totalement rire à gorgeon déployé.

Sauf que : Panique au Village quoi, les gars. Mais siiii : si vous avez un ami graphiste et un pote féru d'humour belge, vous avez forcément entendu parler de ces courts métrages que ces belges des vertes vallées distillent avec talent (à visionner sans coup férir - ou "sans tarder" pour ceux qui aiment les mots qui ont un sens, genre, utile - Le Grand Sommeil)


Le gonzept : retour back in the days, quand tu te faisais chier dans ta chambre, et que tu construisais des histoires mêlant ta poupée Gem et les Hologrammes, des petites voitures, un cadeau Kinder Zurprise et un bout de ficelle.

Ben là c'est pareil, en gros et si vous avez raté le début, les protagonistes sont de petits persos en plastique, animés ambiance euh animés chelous (amis qui maîtrisez la terminologie, vous pouvez addender ce texte de néophyte en le rendant compréhensible merci) et le résultat est mor-tel. Avec des voix de belges. Cheval a une voix de gros renoi patibulaire, Cow-Boy celui d'un homme-fillette hystérique et Indien je ne sais plus, mais j'ai ri.


Ce sont les trois personnages principaux d'un drame abject, qui se déroule au village. On leur vole leurs murs ! C'est l'anniversaire de Cheval ! Il tombe amoureux de mademoiselle Longrée et va prendre des cours de piano ! Cow-boy et Indien sont des baltringues totales ! Du coup, moultes péripéties et rebondissements ! T'as rien compris c'est normal !

Bon, comme d'habitude, on déplore le quart d'heure en trop, que une heure ça aurait suffit amplement, mais on applaudit la belle performance du passage format court > format long, on reste scotché par l'animation, on ricane à postériori, notamment en repensant aux personnages secondaires hystériques (spéciale dédicace à Steven, le beuglard).

On vous encourage à aller le voir au cinéma, rapport au soutien à apporter aux belges, qui font des trucs, qu'ils sont bien.


mercredi 28 octobre 2009

(Sur un air de basse reggae, c'est dire si c'est n'importe quoi en ce moment)

Putain de vague de flemme, du genre tsunamienne, du genre même pas la peine de lutter, du genre "pff", "whatever, dude", et autres gestes empreints d'une visquosité floue et d'un vrai fond de paresse, nt nt, péché capital, on aime pas.

En ce moment, le soir, au lieu de sortir du boulot à 22h, rentrer chez moi en écoutant du métal et me défouler sur mon bolgue, je socialise, sacrédiou, je tricote de la moufle au kilomètre, je rentre en écoutant de la folk ukrainienne et je me couche après avoir trampoliné sur mon lit.

En clair, j'ai perdu la moitié de mes neurones, et je m'en excuse auprès de mon navré lectorat. Je me ressaisis bientôt, mais vais continuer à me vautrer dans la blondeur quelques temps encore. Je compte sur la vie pour me fournir avec célérité moults prétextes à retrouver mon moi rageux.

D'ici là, des champignons qui font du métal :



MAKE YOU DIIIIIIIIIIE.

samedi 17 octobre 2009

Au delà du foutage de gueule : Pixies en concert en 2009

Rage contenue, poings serrés, rictus énervé. Nan mais les gars, je veux bien croire que vous prépariez votre retraite en organisant des tournées dont vous vous foutez comme de votre première Fender, mais on ne se moque pas des gens comme ça.

Un concert qui dure une heure, alors que tu as payé ta place 44 putains d'euros, ça n'est pas possible. Un tracklisting aussi convenu, qui suit à la nano-seconde celui des albums, ça n'est pas possible. Non retravail total des morceaux, aucun jeu de scène, une Kim Deal rigolarde qui ponctue chaque chanson d'un merci peu sincère avec des vannes à la limite de l'acceptable pour le fan de base, des morceaux tronqués (ben oui ça ira plus vite et ils pourront se barrer plus tôt)...

Oui mais : Fan De. Mes 13 ans, Grand Julien, lui rouler des pelles, me faire plaquer le lendemain, la ligne de basse qui semble calée sur chacune de mes émotions adolescentes. La voix de Franck Black, ses hurlements suaves. L'incroyable sensualité de la voix de Kim, l'envie d'être elle. Le road trip mental que permettent certains morceaux de Surfer Rosa. Le blues total induit par Bossa-Nova. La pêche insolente de Doolittle... Mes années 90, en somme.

Alors sur quelques morceaux, j'avoue, j'ai fermé les yeux, souri, et chanté. Gouge away, you can gouge away, stay all day, if you want to....

Mais tout de même : bande de bâtards.

Pixies avant

Pixies après

L'avant / après est assez révélateur. Vous nous dites, hein, les gars, si on vous emmerde.

Orgasme buccal non induit par une activité sexuelle

Alors la fille cette semaine, carrément, elle a fait des trucs, et du genre pas dégueus.

Déjeuner dans un restaurant étoilé jeudi. Le Meurice, avec aux commandes, monsieur Yannick Alléno. La fille, qui s'estime chanceuse, a déjà eu la chance de déguster du manger de haute volée, version sud-ouest chez m'ame Darroze, ou asiatico-fusion, chez Felix à Hong-Kong, entre autres. Elle connaît aussi ces petites tables parisiennes qui te réconcilient avec ce biotope cruel qu'est la ville Lumière, que des fois, t'as juste envie d'éteindre.

Néanmoins, ayant bénéficié d'une éducation réussie, elle ne sera jamais blasée. Elle contiendra toujours des petits cris ravis pendant la dégustation, roulera des yeux de dingue, et rendra hommage au dieu Bacchus en buvant plus que de raison le liquide précieux conservé dans des flacons prestigieux.

The salle of the Meurice

Le cadre ?
Une salle dans les tons or et blanc, délicieusement Marie-Antoinettesque, mon auguste cul posé sur de bien moelleux coussins, face à un tableau bucolique en diable.

Au menu ?
De petits amuse-bouche d'excellente facture, à base de produits de riches : foie gras, oursins, ce genre. Des présentations distrayantes, comme cette cuiller surprise en bois à sucer sensuellement pour que les saveurs du fromage de chèvre explosent en bouche...
Vient le Pâté Pantin, et sa maraîchère de coeurs de salade : même pas lourd, le truc, malgré le porc, la pâte feuilletée et le liant à base de gras. Totale acidulation de la salade. Echange harmonieux.
Ensuite, un Effeuillé de morue aux haricots chevrier. Bieeeen. Boon. Petits haricots croquent sous la dent, poisson impeccable, blancheur polaire, texture idéale, qui fond sous la langue.
Vu qu'on est une viandarde, on attendait la barbaque. Ce furent des Aiguillettes de canard sauvage à l'orange, un hommage à la recette historique de Lasserre, revisitée, avec en guise d'accompagnement, les cuisses du canard en petits boudins, des navets fondants et des pommes gaufrettes. Une fois le plat posé devant moi, peur totale de l'orange (amertume du zeste, laideur de la couleur, pouah) mais en fait pas du tout. Amicale, l'orange, polie, n'empiète en rien sur le territoire du canard.
Pour finir, Fine tarte bourdaloue, poire et crème d'amande. Là honnêtement, encore moins de trucs à dire qu'avant, parce que je m'accrochais à la table en bavant de bonheur total et d'alcool.
Et des mignardises pour accompagner le café...

Et après ?
Déambulation de la fille repue dans le jardin des Tuileries. Félicité touchée du doigt. Sourires aux nuages.

dimanche 4 octobre 2009

I wanna be a fashion editor when I grow up

Que nenni, je ne veux pas - enfin si un peu, mais c'est juste parce que je sors du ciné, vu The September issue, documentaire qui raconte la génèse du N° de septembre du Vogue US 2008, mais j'y reviens plus tard - j'ai juste un problème d'inspiration avec les titres de mes posts en ce moment.

Et un problème de régularité en termes de fourniture de ce contenu rédactionnel unique et personnel et mien, mais j'ai une excuse valable pour cette semaine : malade, qu'elle était la gonze. Cinq jours d'immobilisation, le cerveau qui migre dans le lobe de l'oreille et seulement huit chaînes de télé, ça vous coupe l'inspiration bloggesque.

De plus, je suis d'une indécente bonne humeur, mâtinée cependant d'une mince couche de désarroi profond, dans ces cas les mots viennent différemment, or nous évoluons ici dans un espace de psychothérapie comportementale autogérée online, outil merveilleux, joujou emblématique de son époque certes, mais qui a tout de même ses limites à certains moments de la vie notamment de la mienne parfois.

Donc bref, The September Issue, ben on l'a vu et on est bien content. Le dimanche s'annonçait sinistre : réveillée à 9h30 (nan mais sans déconner), travail à faire (toujours pas fait, il est 23h, je suis très sereine, argleu), temps tristouno-dimanchesque. Début d'après-midi, tout ce qui pouvait viser à rendre mon habitat plus accueillant et pouvant être exécuté en sifflotant du rap/soul des 90's a été fait. Une vague monumentale de blues me submerge quand soudain, drelin drelin, l'ami Wowo propose un brunch dans des canapés mous et avec des magazines très cons. Je gambade vers le centre de Paris, on fait tout comme on avait dit qu'on ferait et on joue les prolongations dans les salles obscures parce que c'est long, le dimanche. On opte pour un truc de modasses car c'est Fashion Week baby cette semaine à Paris, et que quitte à, hein, ben autant, carrément. On trouve.

Digression de Pouffe / enter into a chick's brain : en plus j'avais mes Susan de Chloé aux pieds et donc les meufs de la fashion qui traînent les rues du Marais en masse me tuaient avec leurs yeux car le modèle est épuisé. Fini, apu, pati Susan, et moi je les ai, et en plus, je les kiffe donc je les arbore en crânant plus que d'habitude encore, ce qui rend les yeux des autres femelles vraiment vraiment très... fixes.

Information préalable : The September Issue est documentaire vise à nous faire découvrir l'élaboration du N° de rentrée du Vogue US, numéro stratégique s'il en est pour la rédaction, le service pub et les annonceurs, c'est la grande vente de l'année, le truc justifie de genre 600 pages et pèse deux kilos, définit ce que les femmes vont porter en amérique et ailleurs, rrr, vertige, pouvoir, caviar beluga, maison dans les Hamptons, tout ça. En filigrane, (rapide) portrait d'Anna Wintour, rédactrice en chef monstrueuse, boss from hell décrite dans Le diable s'habille en Prada.

Suite au visionnage, Wowo et moi convenons de ce qui suit :

La guest star c'est bien évidemment la rousse et terriblement désuète Grace Coddington, directrice de création du magazine, qu'on a envie de galocher au bout de quelques minutes tellement sa vie est un putain d'enfer avec la Wintour, tellement elle morfle, tellement elle travaille fort et sérieusement, voire fort sérieusement, tellement ses cheveux sont longs et roux et frizous, tellement elle tient (un peu) tête à la mère Anna alors que tout le monde ploie devant elle comme une merde ployante, même Stefano Pilati putaing. Grace tente de se charger de la direction artistique d'un certain nombre de shootings tandis qu'Anna lui sucre ses photos, ampute ses séries de mode, en bref, lui lacère le coeur avec des épingles trempées dans du curare. Pour au final recourir à elle en dernière extrémité, à deux jours du bouclage, pour refaire plusieurs séries de photos.

Grace and Anna. Fierce.

Sinon, nous confirmons qu'Anna Wintour est un frigidaire qui met de la fourrure, un cyborg, un truc avec une coupe de playmobil et des yeux qui n'expriment rien, hormis les émotions qui se situent entre le dégoût et la colère (soit : mépris, agacement, air liquide).

Le reste du docu n'intéressera que les poupouffes fashion, or elles ne lisent pas ce blog, donc on en restera là.

En guise de conclusion : crénom, j'ai hâte de reprendre le travail demain, et de sacrifier au rituel métro (une heure chaque matin)/ café/ bureau/ réunion/ argl/ brouh/ I want to break free/ cous farcis/moissonneuse-batteuse/métro.

T'as le ticket chic ?

dimanche 27 septembre 2009

De la bonne santé de la filière avicole française

Après une semaine assez remarquablement merdique, une soirée de décompensation s'imposait, avec alcoolisation massive. Généralement, on sent ce genre de nuits arriver, on sait qu'au vu de la tension amassée, il faudra se faire un peu de mal avec de l'alcool pour retrouver sa capacité à la joie, pouvoir rire à nouveau comme une cougourde, ce genre de trivialités.

On se doute qu'on finira raide en esquissant des chorégraphies fluides et maîtrisées dans la rue noire avant que de prendre le taxi. On espère ne pas se battre, ni vomir. C'est juste la Zone de Flou, celle qui précède l'heure du coucher-bourré, qui restait à préciser. Tournée de bars ? Soirée-en-appart ? Sortir dans un endroit dehors avec de la musique forte (regard pas convaincu) ?

Et puis vu qu'on est convié à la Monsieur Poulet Party III organisée par des gens sympathiques et de bonne qualité comme leur T-Shirts*, on se dit que bon, on va tenter de bouger en soirée comme disent nos benjamins, même si globalement on en sort souvent déçue (musique de merde), choquée (on est la plus vieille) ou ruinée (tarifs de merde).

Après une mise en jambe indispensable (des bulles, plein, parce qu'on était passé fêter les trente ans d'une coupine), il est deux heures et on arrive à la Bellevilloise où se tient la teuf. Une fois sur place, plein d'indicateurs rassurants sur la poursuite de la soirée. Notamment, la programmation musicale classieuse : il est assez totalement jouissivo-réconfortant d'entendre dans le cadre d'un même mix Dizzee Rascal, Balkan Beat Box (oué) et David Bowie. Le tout suivi par une session d'n'b/breakbeat de bonne tenue. La faune était sympathique : pas de puanteur hype, pas de majorité de gamins prépubères (juste ce qu'il faut pour être bien contente d'avoir trente piges), des sourires mais pas d'excess conviviality en carton.

On aime. On était tellement en mode gentillo-festive qu'on a laissé deux blondes renverser leur bière sur soi sans les droiter (mais sans se priver pour autant de rugir intérieurement "ma nouvelle jupe Sessun baaande de saloooooopes") et qu'on a joué son rôle d'Aimant à Boulet** sans jeté de verre à la gueule.

Donc on ira sereinement à la prochaine Monsieur Poulet Party, sans jupe de pouffe-pouffe, un peu moins torchaoui et on mettra son T-shirt Meussieu Poulet (celui dessiné par Margaux Mottin qui bon déchire assez totalement dans le genre t-shirt de meuf avec un dessin) pour faire genre intégrée.

* "Monsieur Poulet est un site Internet participatif de vente de vêtements et d'accessoires issus du commerce équitable, où artistes et passionnés se rencontrent quotidiennement autour d'un concours permanent et rémunéré".

**Aimant à Boulet : fille qui attire systématiquement les 5 mecs les plus lourds, bourrés ou révoltants de vulgarité du lieu où elle se trouve.

mercredi 23 septembre 2009

Massage gingival (y'a des soirs où le titre ne vient juste pas)

Bosser 15 heures par jour.

Au privé, systématiquement mettre fin à des moments de chaleureuse convivialité par un "Wo djis, je rentre je dois finir un truc pour le boulot", "Palsembleu, je file, je me couche tôt car j'ai une journée d'enculeur de maman demain", "Diantre, ce soir j'ai douze xanax à piler et laisser se dissoudre sur mes globes oculaires afin de respirer de manière fluide alors au revoir les amis".

Au travail, voir les plus jeunes qui perdent le rebondi de leurs joues, tapoter maternellement sur des mains, ne servir à rien, offrir une clope ou un café, un peu alléger les gens en sachant pertinemment que demain dès l'aube, il faudra les charger à nouveau. Que dès qu'une mission s'achève, une autre te sera confiée. Tu dispatcheras (vomir) la to do (vomi) à celles et ceux avec lesquels tu bosses, tu les regarderas verdir.

De ton côté, tu verdiras aussi. Fatigue, usure, plus trop comprendre, encaisser les deadlines, mail, reporting, boum, cocher deux trucs sur ta liste de trucs à faire, fumer une clope, deux, avoir envie de gentiment fermer la porte, te retrouver d'un coup dans cette nouvelle de Brett Easton Ellis où l'on t'intime de Disparaître Ici.

Molly Goodspeed

Tu ne bloggeras plus trop, parce que tu voudrais conserver ton mojo de ces dernières semaines et ne pas tout salir partout avec un post visqueux de mal-être. Mais ce soir point de mal-être (enfin si un peu mais c'est fini, un demi-litre de gen maicha - thé japonais aux céréales soufflées - et c'est reparti, sugoï, super, pouet, ta mère sans déconner, vos mères en général).

Puis la litanie :
  • Rock star > pas de talent
  • Egérie punk > pas assez belle meuf
  • Pute > pas assez technique
  • Femme entretenue > pas assez geisha et je ne sais pas faire des plans de table ingénieux
  • Autre travail sérieux > ouais mais en fait non
Taxidermiste ? Personal shoppeuse ? Marchande de primeurs ? Spécialiste des nanotechnologies ? Spin doctor ? T-Shirt de Guns'n Roses ? Skateuse ? Ba be bi bo bu ?

Hedi Slimane

samedi 12 septembre 2009

I got the poison, I got the remedy

Auto-navrage total. Vu le dernier Audiard, Un prophète. Douze heures plus tard, la seule chose que je suis capable de haleter et restituer, c'est : "Tahaaaaaaaaaaaaar".


Putain mec mais arrête d'être bonne comme ça. Mais alors bonne-bonne. Bonne de "J'aimerai beaucoup rencontrer ton agent afin qu'on parle négo, que je lâche le cash, t'attache, t'emmène chez moi et te viole rituellement pendant 15 ans. Après tu pourras partir et moi dormir, d'accord Tahar ?".


Ce genre de séduction vénéneuse totale, chez un mec, qui fonctionne même via écran interposé, c'est pas souvent. Je cœur de pierre. C'est d'autant plus dur quand tu vas voir le film avec un mec, à la sortie, tu voudrais tellement qu'il soit une meuf, mais juste 10 secondes, le temps que vous vous rouliez par terre en hurlant "Tahar" et en secouant les cheveux, les larmes aux yeux et la lèvre inférieure qui tremble.


Après tant d'hormonal, difficile d'enchaîner sur un truc de fond à dire sur le film. Tahar meilleur acteur de l'Arabie Heureuse Internationale? Nan ok, sérieusement : narration, dialogues, rythme, plans, stupéfianto-sublimes scènes oniriques, seconds rôles charismatiques en diable (Ryad, Jordi le Gitan, Lattrache de Marseille), même la bande-son : tout est impeccable.

On devait rejoindre une soirée après le visionnage, mais avec mon pote, nous n'avons pu que ramper jusqu'au troquet à touristes le plus proche pour psalmodier des critiques dithyrambiques et soupirer, tout choqués heureux, "on a vu un putain de bon film".

Et puis pour une fan de Oz, la prison reste le plus riche des biotopes pour dire ce qui se passe dehors, en te retournant les tripes anticlockwise (et avec un bon numerus clausus de mecs bonnes souvent à poil - rhaaa les scènes de douche).

Ryan O'Reily, roi des Irlandais dans la prison de Oz
et fantasme N°1 de mes nuits en 2007, 2008 et Q1 2009


Lu la critique d'une journaliste qui trouvait dommage de voir se renforcer certains clichés (les Corses, les dominantes ethniques en milieu carcéral, etc). La prochaine fois, promis, le film fera focus sur le Gang des Suisses et la mafia Suédoise, et leur rôle prégnant dans le Bad Biz français, ma'me la journaliste. On sortira ainsi du convenu.

(Je ne sais pas si je vous ai déjà dit que j'ai un problème avec les journalistes. J'y reviendrai une fois qu'il sera résolu).

Celle-là, ç'aurait été dommage de s'en priver
Tahar, tu ne bouges pas, j'arrive et je compte tes poils et tes pores
Et je recompte après pour être sûre de n'avoir pas fait d'erreur


Je dédicace ce film à ma nièce Louise, petit machinou corso-libanais
volcanique et attendrissant,
qui se sentira forcément très partagée pendant le visionnage.
Courage, petite, le sang de deux peuples euh particuliers coule dans tes veines.


samedi 5 septembre 2009

J'aime beaucoup ce que vous faites...

Histoire d'un garçon, qui représente un tiers de ma vie en cumulé. Nos 20 ans, cette demi-tonne de conneries commises ensemble, la fin des études, notre arrivée conjointe et brutale dans le biotope "travail", le rabotage par le papier de verre de la vie professionnelle, la fatigue, l'impossibilité de dire à qui que ce soit d'aller se faire enculer, la rage, les premiers gestes d'humeur... Au fil des années, l'usure comme on l'appelle, les amis parfois très peu fédérateurs, s'éloigner, évoluer dans des sphères différentes, ne plus être ensemble en fait, avoir du mal à négocier "l'après", savoir cependant qu'on a aimé, et qu'on a été aimée, jouir de ce bonheur, mettre le joli sous boîte hermétique, pour y revenir une fois le "pretty uncool mood" passé.

Et puis un jour, on apprend qu'il expose chez Agnès B, à la rentrée, et on est dans les aigus ("hiiiiiiiii"), fière, on voudrait hurler qu'on le savait, té, que les yeux des gens finiraient par admettre son talent. Alors quand il demande, pas sûr du côté "super bonne idée" du truc, un texte biographique à intégrer au catalogue, on est émotion, on aime bien écrire et puis on maîtrise son sujet, merde.

"Grandir à Beyrouth. Assister au chaos le plus absolu, à l’hystérie des adultes, comprendre très vite les contraintes d’une vie en période de guerre, trouver les refuges. La géographie de la ville et le rythme des bombardements circonscrivent le terrain de jeu de Dem à un espace réduit. Sa mère l’initie au dessin, il ne lâchera plus ses crayons.

Il dessine, découvre l’univers torturé d’auteurs comme Moebius, dévore du Comics au kilomètre, reproduit les silhouettes des super héros, bave devant celles plus dénudées des pépées de Manara.

En attendant de grandir, il joue à la guerre, observe tout et en restitue le fruit en dessinant, ça va du flingue super sophistiqué au monstre lovecraftien. Dem aime aussi les images qui bougent, elles constitueront les fondations d'un univers qui repose sur le second degré et le portnawak : il ingère pendant des heures séries Z, films de kung fu ou zombies et sous séries moyen-orientales kitsch. Les contours d’un travail graphique plutôt dark et biberonné à la sous-culture émergent.

Dem emménage à Paris à l’adolescence et se mange ce que l’on appelle trivialement une grosse claque. Il découvre un autre biotope urbain, d’autres codes, d’autre gens. Hormones en bandoulière, tout ce qui relève d’une culture urbaine testostéronisée sera approché, vécu et restitué par un Dem scotché par toutes les possibilités que recèle Paris. Il bloque sur le métro et découvre le graffiti, qui reste sa seule passion au long cours. Volatile, l’animal a traîné dans les sphères métalleuses, rap , techno ou punk. Sans en arborer les couleurs : organisés en tribus, les gens deviennent cons et ça ne l'amuse pas, il se préfère franc-tireur et cocufie allègrement tous les sous-groupes qu’il intègrera.

Son identité repose sur sa double culture, et pour rester cohérent, il prend un plaisir pervers à ériger le « grand écart » comme style de vie. Il passe en souplesse des quartiers les plus blings aux concerts hardcore, des free parties en forêt à des sessions de tenage de murs, il se dissout dans ses contradictions et découvre au final que cette capacité à évoluer dans toutes les sphères lui permet d’obtenir un champ d’expérimentation illimité. Il ouvre les yeux et se frotte les mains.

A trente ans passés, Dem continue à explorer les sous-cultures et leur théâtre : la ville. Urbain par essence, il continue à trouver ce qui l’inspire en ridant les rues parisiennes et ne s’interdisant aucune influence ou technique. De sa passion graffologique, Dem a retenu la lettre et la soumet depuis plus de 18 ans à des tortures dignes du bondage le plus tordu."

Donc en clair, allez voir cette expo sinon vous développerez une pathologie ridicule des couilles et décéderez dans des souffrances abjectes.

Graffiti, Etat des lieux
Galerie du Jour / Agnès B
Vernissage le 8 septembre, l'expo dure jusqu'au 10 octobre

44 rue Quincampoix - 75004 Paris

mardi 1 septembre 2009

(it's like : I need a title, but i can't get one)

(S., je t'avais dit que je le ferais alors je le fais, mais alors, ça va être mauvais. Incapacité à prendre le recul nécessaire, mettre en perspective ou trouver le bon mot. Ma zone de flou personnelle, c'est le moyen-orient. Ca touche tout de suite aux conduits lacrymaux et à cette colère qui me fait bander les muscles et débander la joie de vivre. Ca finit toujours sur la certitude de ne jamais me reproduire (il ne faut pas non, regarde les cons). Et à ne jamais accorder de crédit à une démarche ou un discours avec du politique dedans. Bullshit, ce qui compte, c'est la thune qui te permettra de monter avec célérité dans le premier avion que la MEA pourra affréter et la longueur du bras de ton cousin qui connaît l'ambassadeur. Ou ta capacité à faire des films, de la musique ou des trucs avec des crayons pour sortir le mal et arrêter de ressasser)

(transition)


Alors The time that remains d'Elia Suleiman. Vous êtes à priori un lectorat cinéphile, vous avez lu les Inrocks ou un blog, vous savez les mots clés :
  • Keatonien slash clown triste
  • Contemplatif
  • Souci de rythme
  • Approche ironico-onirico distanciée
  • Je jamais crier les choses, les sussurer et effectuer quelques pas à la Gene Kelly en guise de pied de nez
  • And so on
C'est vrai. Tout cela est vrai, argumentable, démontable, redessinable à la sanguine, fixable au spray. Je vais avouer la vérité. J'aime le travail d'Elia Suleiman. Mais aussi : j'ai (partiellement) (en outre quoi) payé 8 euros 50 pour le fait d'entendre quelques mots de ma langue, de mon dialecte, si peu connu ici, atrocement parodié par le blaireau de base, sali par des sons gutturaux qui me sont étrangers, pierreux, arides. Une langue qui sait dire l'absurde et les vannes de cul avec un talent certain.

Is that loads of fun or what ?

Quitte à dire la vérité, plutôt que de rewriter du déjà lu, peut-être admettre que la scène sur laquelle j'ai le plus bloqué, c'est celle où j'ai vu madame ma mère. (Ce qui est injuste, vu le nombre d'autres scènes remarquables et je m'en excuse).

Alors : c'est la maman d'Elia, quand il revient de son exil, il la retrouve, elle a vieilli forcément, est un peu forte, a un look de merde elle qui fut si coquette, elle ne dit plus grand chose, elle a 16 ans d'âge mental et défonce les petits gâteaux la nuit alors qu'elle est diabétique. Petite sotte mignono-poignante.

Un soir, elle est sur le balcon. Assise toute droite et raide, elle se fait chier (sur le balcon). La nuit tombe et un feu d'artifice commence. Sa bonne asiatique (un incontournable nauséabond du middle-eastern lifestyle) l'entoure de ses bras et lui dit "wouah c'est beau le feu d'artifice madame" ("yiii, chou hélo eul feu d'artifice ya madaaaame" en philippino-rebeu).

Le problème c'est que niveau sonore, un feu d'artifice, ça ressemble méchamment aux bombardements. Le bras qui entoure la mère prend une autre dimension, se fait extension du mien, devient protecteur, noueux et éventuellement armé d'une kalash, dans ma vie rêvée de grande fille. Parce qu'en vrai, quand la bombe explose et que je bégaie du cerveau, c'est ma daronne de 80 ans qui me rassure et me sert un whisky en pensant que décidément, cette petite est quand même une couille molle.

J'ai payé pour me lever en trombe et foncer pleurer aux toilettes parce qu'il est un moment où observer les gens arrêter de vivre la vie et subir celle qu'ont décidé les autres sans trop faire un audit participatif et citoyen, ça devient insoutenable.

La chanson du générique de fin est, à cet égard, euh réussie. "Staying alive".

...

dimanche 30 août 2009

It's like : there's a god, and he's laughing his ass out loud

J'ai déjà évoqué ici les dégâts irrémédiables causés par mon éducation chrétienne rigoriste. Pour rappel et pour les incultes, voui, les gens d'Orient, malgré le cheveu crépu et la teinte olivâtre, ça peut aussi être catholique (on dit maronite si on veut être super précis et on se renseigne encore plus si parfois, on court les dîners en ville et qu'on aime phraser et déstabiliser le con bas du front moyen).

Vision d'horreur pour tout con qui se respecte :
la coexistence à peu près sereine de deux religions du Livre, wouw

Alors : "La Bible racontée au 6/9 ans", le catéchisme post-école avec cakes trop secs, la profession de foi, la communion, la confirmation, Pierres vivantes en églises qui chantent, le week-end de retraite spirituelle, les scouts, le lycée privé de jeunes filles catholiques à particules et à Burberry... Je me suis tout fadé, poliment et avec intérêt. J'étais jeune et pure, donc l'idée d'un big brother suave qui m'observe en permanence pour distribuer les points bons et mauvais n'était pas anxiogène. Au contraire, c'était valorisant : j'ai 10 en dictée et en plus, Jesus is my homeboy > classe absolue.

Jusqu'au punk. Le punk a mis vachement de distance entre moi et l'Eglise.

Hors d'ici, tout à l'heure

Néanmoins, malgré l'Ere Punk, malgré tout ce qui a suivi - et ça a suivi méchamment en termes de refus énergique voire outré de tout ce qui ecclésiaste, sermonne et abjure - je garde les séquelles de mon formatage.

Exemple : quand le matin, nez au vent, brushing pas trop raté, je trotte sur des escarpins générateurs de haine chez mon amie La Femme, et qu'un homme me fait la grâce de son attention turgescente, je procède à un jeté de mèche arrogant et efficace, je me retourne (strike the pose) et :
  • Un pigeon me chie dessus
  • Je me prends un pied dans l'autre et m'affale
  • Ma mère sortie de nulle part apparaît et me demande en hurlant si j'ai besoin de gel intime
  • Ma jupe se coince dans mon sac
Tout moment de flattage d'ego est, de manière scientifique et désarmante et systématique, suivi d'un gros moment de honte totale.

Je n'arrive jamais à m'empêcher de lever un sourcil fâché vers les nuages, genre "Péché d'orgueil, message reçu, j'arrête de me la raconter". Alors qu'en fait, mon intention première, c'est de rendre grâce à la vie de m'avoir fait baisab.. de m'avoir offert ces attributs féminins qui visent à la pérennité de l'espèce, alleluyah rejoice in the lamb, let's celebrate le cycle de la vie, le respect des fruits de saison, l'odeur délicate du foin coupé, tout ça.


Tout ça ?

dimanche 23 août 2009

You fuckin broke my heart

Hier, plutôt que d'aller faire frire ma cellulite au parc, j'ai décidé de m'offrir un bain de culture avec de miens amis. Direction le Jeu de Paume, expo sur le Monde de Martin Parr.

Le "monde de" parce que si l'on a le plaisir de découvrir entre autres choses sa nouvelle série Luxury (en gros c'est du "Regarde les nouveaux riches quand il bâffrent dans les coquetailes" > que du bonheur, j'ai spotté quelques libanaises botoxées dessus, it's good to feel like home), on se fade aussi quelques salles relatives à ses influences : photojournaliste briton, quelques nipponeries ça et là, et des espaces dédiés à ses collections d'objets pop-politico-trauma. La palme du "what the fuck object" revient aux petits tapis de prière évenementiels "9/11", glups, ma glotte a tréssauté à ce moment là...

Bref, faut y aller, même si on sort frustré de ne pas avoir vu assez de Parr, on en voudrait encore pendant des heures. Mon gros problème, depuis cette expo, c'est Betty, au premier plan :


Une photo de Mark Neville, qui fait partie du "Monde de". Une fête dans une salle certainement municipale de Glasgow, des gens qui dansent et merry Betty. Qui me renvoie à tout plein de choses avec de la solitude, du profitage d'instants sociaux, de la belle robe de soirée, et de l'entrain dedans. Désarroi total. I love Betty.

I love aussi cette autre photo (de Bruno Dayan) même si techniquement, j'admets bien volontiers que rien à voir avec le propos initial et que je l'ai odieusement pompée sur un blog fashion anglais. En même temps, on est sur la blogosphère, mmh, alors il semble que la pompe soit un présupposé.


mardi 11 août 2009

I ain't no strong woman no

Donc on rentre de vacances, on est bronzée, on dresse plusieurs constats revigorants. Baisse du niveau d'hystérie, le "grou" outré ne sort qu'au bout du 12ème fils de pute qui t'encule les côtes avec son coude dans le métro - oui, je vulgaire mais je triste, alors compensation / décompensation. Et même des fois on rit avec des inconnus dehors dans la rue, gros rire frais pâle imitation de la julia robertsss touch, vous savez ces trucs que les brunes avec plein de dents font toutes. On est fédératrice, on est une pub Dim. On se dit : du sport, du légume vert, respirer au travail. On se rajoute à soi même : tu ne sauves pas de vies, superficielle radasse, tu n'as aucune raison d'avoir le ventre qui brûle. Tu es Jeune Femme Fertile. La mesquinerie et l'agressivité glissent sur toi. Les vapeurs toxiques du stress se dissolvent rapidement dans l'air. Tout est calme, étonnamment serein. Limite, on écouterait ces morceaux de Bob Marley très early days /calypso style (je hais le reggae sauf des fois mais rarement), affalée sur le canapé.


Deux jours après. Dévastation. Constats revigorants foulés aux pieds, charpie beurk bout d'os. Parti le sommeil, insomnie, chaque nuit. Parti l'appétit, ce midi, 6 gyozas et trois makis, alors que je suis adepte du plat-de-mec-qui-reconstitue en temps normal (regard affolé). Tout ça, à cause du stress et de ce manque absolu de volonté et de respect des nouvelles Directives de Vies érigées au retour des Saints Congés.
(Version pour ceux qui ont lu Dune et qui ont poussé des cris dans leur lit en le lisant tellement c'est juste la Bible et c'est trop bien et tu réveilles ton mec pour lui lire : ) Pour une fille qui se rêve Prêtresse de l'ordre Bene Gesserit, aride samourai femelle au regard d'airain (ou seraient-ce ses pecs ?), on peut dire que techniquement je me raconte de belles histoires. Je suis plutôt Irulan, la princesse scribe, un peu connassa looseuse, que jamais Muad Dib ne baise, qui ne pane rien aux stratégies de l'Ordre et qui doit sûrement avoir un rire de cougourde.
(Version pour les autres :) Diantre, je ne suis que fragile fétu englué dans un cloaque bourbeux. Rha, la merde urbaine honnie, ses gens, ses grands moments, le travail, les connards, les moustiques. Tout est menace et laideur, moi aussi mais quand même pas très létale, ni particulièrement filmesque dans l'abjection. Mais à tout cela, à toute cette fange, je n'oppose ni colère ni activisme ni rien des fois je chante l'internationale dans mon burlingue.

Deux jours après avoir repris le boulot, je me résous à rejoindre la horde de nous aut'gueux qui jouons au loto, pour plus avoir de patron, fils, pour juste être bien, rien changer à ma vie, ou alors pas grand chose, ça relève du passage du 85B au 95B.

Du confort, peu de gens autour et de bien grasses mâtinées. Soupir.



lundi 3 août 2009

De l'annulation d'un road trip

Avec l'ami Wowo ça fait longtemps qu'on a une obsession : le road trip aux USA (battement de mains hystérique). Gonzo journalism, white trash et motels glauques, des trucs fondateurs pour lui et moi, nous ne sommes pas amis pour rien. On était presque à la limite de mettre de l'argent à gauche pour checker les modèles de Lincoln customisées disponibles l'été prochain. Mais en fait on s'est dit qu'on allait plutôt aller au Japon, période cerisiers en fleurs. Le pourquoi du comment ? Nous sommes allés voir Brüno au cinéma hier. Ca nous a calmés quant à l'exotisme du raod trip précité. Le pédé et l'arabe de service perdus dans l'Arkansas, on le sent moyen moins avec le recul...

Donc Brüno. Alors oui, soupir, polémique bloggesque, moue de dégoût, procès en vulgarité. On a même lu ça et là que le propos du film était la mode et donc que c'était un film raté. Waw. A mon sens, le propos du film, c'est que les gens sont abjects et grotesques, qu'on est tous le con de quelqu'un, qu'observer les gens que Brüno bouscule provoque rougeurs et enlisement dans des lacs de honte, que l'amérique profonde est corticalement fissurée entre politically correct et néandertalisme, qu'il ne fait pas bon être hormonosexuel en Arkansas et que rien. Putain rien, faut-il injecter du sens à tout rha point sûre j'en suis. Sacha Baron Cohen, c'est du Jackass pour non skateurs. Plus fédérateur et plus vicieux. Gros malaise pendant les scènes tournées au moyen-orient. Pour en venir, je ne peux que m'incliner devant les couilles gigantesques et en titane du meussieu, il fallait oser je ne raconte pas, ça se regarde avec décrochement de mâchoire. Je m'incline cependant dos au mur et en me gratouillant la tête d'un air couillon.

Sinon, je me suis achetée de la basket en masse ces derniers temps (jeunisme quand tu nous tiens) et voudrais vous présenter la paire de Reebook la plus démente du siècle. Et mon bronzage, bien sûr. Pour une pouffette fashion asiatisante, ces shoes sont une représentation matérielle de l'orgasme clitoridien :


dimanche 2 août 2009

Land of desolation


Boucler ses vacances à douze heures du départ avec un budget minable représente, pour une control freak embourgeoisée, l'absolue incarnation du cauchemar. Loterie, prise de risque, tachychardie. Fissure cardiaque totale quand elle se voit dans l'obligation de valider une destination honnie, la larmichette à l'oeil, christique en diable dans son sacrifice. Prête à tout pour passer du bon temps avec son sien vieil ami sans faire sa fille pénible.


Destination Lanzarote, donc, dans les Iles Canaries. Le premier qui rit je le gode-ceinturifie. Welcome to british beauf land, que Martin Parr à côté c'est du minimalisme classieux. Une île volcanique, noire et désolée. Des camaieux de noirs, de gris, d'ocre et le bleu azur de l'océan. Un vent violent permanent, qui rend la vie supportable sur ce rocher brûlé. Une île pensée pour le tourisme de masse briton et teuton. Un (faible) visitorat homogène, familles blondes à deux enfants, dont forcément un rejeton en surcharge pondérale. Des pubs à english breakfast partout qui retransmettent Sky TV et le soap populaire du moment.

Et au milieu, Sébastien et moi, dans notre Opel Corsa. Nous bûmes, nous rîmes, nous consternâmes, nous prîmes le soleil, nous huhuhumes. La survie a eu un prix, celui de la créativité. Pour accepter notre destin, on a réécrit l'histoire de Lanzarote. Nous avons décidé qu'une explosion nucléaire expliquait la désolation ambiante, le manque de touristes, les infrastructures abandonnées, sinon le néant absolu de tout rendait la situation anxiogène. Parfois sur la route, flashback de La colline à des yeux, nous attendions fébrilement l'attaque des consanguins irradiés cachés derrière les cactus et les fourrés calcinés.

Néanmoins nonobstant cependant, je reviens reposée, en attente de design et de pédanterie parisienne, pour mieux les vomir d'ici trois jours maximum.

It's good to be home.

dimanche 12 juillet 2009

NDLR

Pour les lecteurs réguliers : j'ai une conscience aigüe du fait que c'est moyennement déontologique d'effacer des posts inassumables parce qu'écrits en phase "j'ai 40 de fièvre et le monde entier n'est qu'une vaste tranche de beefjerky corrompue". Mais après tout reine en mon royaume, je te fais un doigt lecteurs réguliers et j'efface ce que je veux.

(Pour ceux qui ne me lisent pas et arrivent ici après une recherche Google mal formulée : rien)

Hier je suis sortie de chez moi après une semaine d'hibernation, youpi je peux raconter des trucs et arrêter de faire la desperate gothique :

La musique électronico-ghetto angolo-portugaise (on va dire) (mais "angolo" ?) (vraiment ?), c'est rigolo. Vous êtes obligés d'écouter Buraka Sound Sistema sinon les pôles vont s'inverser. Si j'ai bien compris rien n'étant moins sûr cette mouvance musicale s'appelle le Kudoro, soit Cul Dur.

Sinon, souvenir d'avoir évoqué hier soir la possible création d'un Club des Meufs Sodomites Sans Bite. Le concept a l'air fragile voire éthéré mais ça relevait de l'évidence sur le moment. Après, on a admis qu'on n'avait pas de bite et qu'en fait on aimait juste l'idée de rebondir sur le cul des mecs comme des forcenées.

Balançoire de F. Hybert

(Un troisième truc, abject : saoûle, j'ai avoué à Wowo que parfois feyssebouc me manquait quand je me faisais vraiment chier)