dimanche 30 août 2009

It's like : there's a god, and he's laughing his ass out loud

J'ai déjà évoqué ici les dégâts irrémédiables causés par mon éducation chrétienne rigoriste. Pour rappel et pour les incultes, voui, les gens d'Orient, malgré le cheveu crépu et la teinte olivâtre, ça peut aussi être catholique (on dit maronite si on veut être super précis et on se renseigne encore plus si parfois, on court les dîners en ville et qu'on aime phraser et déstabiliser le con bas du front moyen).

Vision d'horreur pour tout con qui se respecte :
la coexistence à peu près sereine de deux religions du Livre, wouw

Alors : "La Bible racontée au 6/9 ans", le catéchisme post-école avec cakes trop secs, la profession de foi, la communion, la confirmation, Pierres vivantes en églises qui chantent, le week-end de retraite spirituelle, les scouts, le lycée privé de jeunes filles catholiques à particules et à Burberry... Je me suis tout fadé, poliment et avec intérêt. J'étais jeune et pure, donc l'idée d'un big brother suave qui m'observe en permanence pour distribuer les points bons et mauvais n'était pas anxiogène. Au contraire, c'était valorisant : j'ai 10 en dictée et en plus, Jesus is my homeboy > classe absolue.

Jusqu'au punk. Le punk a mis vachement de distance entre moi et l'Eglise.

Hors d'ici, tout à l'heure

Néanmoins, malgré l'Ere Punk, malgré tout ce qui a suivi - et ça a suivi méchamment en termes de refus énergique voire outré de tout ce qui ecclésiaste, sermonne et abjure - je garde les séquelles de mon formatage.

Exemple : quand le matin, nez au vent, brushing pas trop raté, je trotte sur des escarpins générateurs de haine chez mon amie La Femme, et qu'un homme me fait la grâce de son attention turgescente, je procède à un jeté de mèche arrogant et efficace, je me retourne (strike the pose) et :
  • Un pigeon me chie dessus
  • Je me prends un pied dans l'autre et m'affale
  • Ma mère sortie de nulle part apparaît et me demande en hurlant si j'ai besoin de gel intime
  • Ma jupe se coince dans mon sac
Tout moment de flattage d'ego est, de manière scientifique et désarmante et systématique, suivi d'un gros moment de honte totale.

Je n'arrive jamais à m'empêcher de lever un sourcil fâché vers les nuages, genre "Péché d'orgueil, message reçu, j'arrête de me la raconter". Alors qu'en fait, mon intention première, c'est de rendre grâce à la vie de m'avoir fait baisab.. de m'avoir offert ces attributs féminins qui visent à la pérennité de l'espèce, alleluyah rejoice in the lamb, let's celebrate le cycle de la vie, le respect des fruits de saison, l'odeur délicate du foin coupé, tout ça.


Tout ça ?

dimanche 23 août 2009

You fuckin broke my heart

Hier, plutôt que d'aller faire frire ma cellulite au parc, j'ai décidé de m'offrir un bain de culture avec de miens amis. Direction le Jeu de Paume, expo sur le Monde de Martin Parr.

Le "monde de" parce que si l'on a le plaisir de découvrir entre autres choses sa nouvelle série Luxury (en gros c'est du "Regarde les nouveaux riches quand il bâffrent dans les coquetailes" > que du bonheur, j'ai spotté quelques libanaises botoxées dessus, it's good to feel like home), on se fade aussi quelques salles relatives à ses influences : photojournaliste briton, quelques nipponeries ça et là, et des espaces dédiés à ses collections d'objets pop-politico-trauma. La palme du "what the fuck object" revient aux petits tapis de prière évenementiels "9/11", glups, ma glotte a tréssauté à ce moment là...

Bref, faut y aller, même si on sort frustré de ne pas avoir vu assez de Parr, on en voudrait encore pendant des heures. Mon gros problème, depuis cette expo, c'est Betty, au premier plan :


Une photo de Mark Neville, qui fait partie du "Monde de". Une fête dans une salle certainement municipale de Glasgow, des gens qui dansent et merry Betty. Qui me renvoie à tout plein de choses avec de la solitude, du profitage d'instants sociaux, de la belle robe de soirée, et de l'entrain dedans. Désarroi total. I love Betty.

I love aussi cette autre photo (de Bruno Dayan) même si techniquement, j'admets bien volontiers que rien à voir avec le propos initial et que je l'ai odieusement pompée sur un blog fashion anglais. En même temps, on est sur la blogosphère, mmh, alors il semble que la pompe soit un présupposé.


mardi 11 août 2009

I ain't no strong woman no

Donc on rentre de vacances, on est bronzée, on dresse plusieurs constats revigorants. Baisse du niveau d'hystérie, le "grou" outré ne sort qu'au bout du 12ème fils de pute qui t'encule les côtes avec son coude dans le métro - oui, je vulgaire mais je triste, alors compensation / décompensation. Et même des fois on rit avec des inconnus dehors dans la rue, gros rire frais pâle imitation de la julia robertsss touch, vous savez ces trucs que les brunes avec plein de dents font toutes. On est fédératrice, on est une pub Dim. On se dit : du sport, du légume vert, respirer au travail. On se rajoute à soi même : tu ne sauves pas de vies, superficielle radasse, tu n'as aucune raison d'avoir le ventre qui brûle. Tu es Jeune Femme Fertile. La mesquinerie et l'agressivité glissent sur toi. Les vapeurs toxiques du stress se dissolvent rapidement dans l'air. Tout est calme, étonnamment serein. Limite, on écouterait ces morceaux de Bob Marley très early days /calypso style (je hais le reggae sauf des fois mais rarement), affalée sur le canapé.


Deux jours après. Dévastation. Constats revigorants foulés aux pieds, charpie beurk bout d'os. Parti le sommeil, insomnie, chaque nuit. Parti l'appétit, ce midi, 6 gyozas et trois makis, alors que je suis adepte du plat-de-mec-qui-reconstitue en temps normal (regard affolé). Tout ça, à cause du stress et de ce manque absolu de volonté et de respect des nouvelles Directives de Vies érigées au retour des Saints Congés.
(Version pour ceux qui ont lu Dune et qui ont poussé des cris dans leur lit en le lisant tellement c'est juste la Bible et c'est trop bien et tu réveilles ton mec pour lui lire : ) Pour une fille qui se rêve Prêtresse de l'ordre Bene Gesserit, aride samourai femelle au regard d'airain (ou seraient-ce ses pecs ?), on peut dire que techniquement je me raconte de belles histoires. Je suis plutôt Irulan, la princesse scribe, un peu connassa looseuse, que jamais Muad Dib ne baise, qui ne pane rien aux stratégies de l'Ordre et qui doit sûrement avoir un rire de cougourde.
(Version pour les autres :) Diantre, je ne suis que fragile fétu englué dans un cloaque bourbeux. Rha, la merde urbaine honnie, ses gens, ses grands moments, le travail, les connards, les moustiques. Tout est menace et laideur, moi aussi mais quand même pas très létale, ni particulièrement filmesque dans l'abjection. Mais à tout cela, à toute cette fange, je n'oppose ni colère ni activisme ni rien des fois je chante l'internationale dans mon burlingue.

Deux jours après avoir repris le boulot, je me résous à rejoindre la horde de nous aut'gueux qui jouons au loto, pour plus avoir de patron, fils, pour juste être bien, rien changer à ma vie, ou alors pas grand chose, ça relève du passage du 85B au 95B.

Du confort, peu de gens autour et de bien grasses mâtinées. Soupir.



lundi 3 août 2009

De l'annulation d'un road trip

Avec l'ami Wowo ça fait longtemps qu'on a une obsession : le road trip aux USA (battement de mains hystérique). Gonzo journalism, white trash et motels glauques, des trucs fondateurs pour lui et moi, nous ne sommes pas amis pour rien. On était presque à la limite de mettre de l'argent à gauche pour checker les modèles de Lincoln customisées disponibles l'été prochain. Mais en fait on s'est dit qu'on allait plutôt aller au Japon, période cerisiers en fleurs. Le pourquoi du comment ? Nous sommes allés voir Brüno au cinéma hier. Ca nous a calmés quant à l'exotisme du raod trip précité. Le pédé et l'arabe de service perdus dans l'Arkansas, on le sent moyen moins avec le recul...

Donc Brüno. Alors oui, soupir, polémique bloggesque, moue de dégoût, procès en vulgarité. On a même lu ça et là que le propos du film était la mode et donc que c'était un film raté. Waw. A mon sens, le propos du film, c'est que les gens sont abjects et grotesques, qu'on est tous le con de quelqu'un, qu'observer les gens que Brüno bouscule provoque rougeurs et enlisement dans des lacs de honte, que l'amérique profonde est corticalement fissurée entre politically correct et néandertalisme, qu'il ne fait pas bon être hormonosexuel en Arkansas et que rien. Putain rien, faut-il injecter du sens à tout rha point sûre j'en suis. Sacha Baron Cohen, c'est du Jackass pour non skateurs. Plus fédérateur et plus vicieux. Gros malaise pendant les scènes tournées au moyen-orient. Pour en venir, je ne peux que m'incliner devant les couilles gigantesques et en titane du meussieu, il fallait oser je ne raconte pas, ça se regarde avec décrochement de mâchoire. Je m'incline cependant dos au mur et en me gratouillant la tête d'un air couillon.

Sinon, je me suis achetée de la basket en masse ces derniers temps (jeunisme quand tu nous tiens) et voudrais vous présenter la paire de Reebook la plus démente du siècle. Et mon bronzage, bien sûr. Pour une pouffette fashion asiatisante, ces shoes sont une représentation matérielle de l'orgasme clitoridien :


dimanche 2 août 2009

Land of desolation


Boucler ses vacances à douze heures du départ avec un budget minable représente, pour une control freak embourgeoisée, l'absolue incarnation du cauchemar. Loterie, prise de risque, tachychardie. Fissure cardiaque totale quand elle se voit dans l'obligation de valider une destination honnie, la larmichette à l'oeil, christique en diable dans son sacrifice. Prête à tout pour passer du bon temps avec son sien vieil ami sans faire sa fille pénible.


Destination Lanzarote, donc, dans les Iles Canaries. Le premier qui rit je le gode-ceinturifie. Welcome to british beauf land, que Martin Parr à côté c'est du minimalisme classieux. Une île volcanique, noire et désolée. Des camaieux de noirs, de gris, d'ocre et le bleu azur de l'océan. Un vent violent permanent, qui rend la vie supportable sur ce rocher brûlé. Une île pensée pour le tourisme de masse briton et teuton. Un (faible) visitorat homogène, familles blondes à deux enfants, dont forcément un rejeton en surcharge pondérale. Des pubs à english breakfast partout qui retransmettent Sky TV et le soap populaire du moment.

Et au milieu, Sébastien et moi, dans notre Opel Corsa. Nous bûmes, nous rîmes, nous consternâmes, nous prîmes le soleil, nous huhuhumes. La survie a eu un prix, celui de la créativité. Pour accepter notre destin, on a réécrit l'histoire de Lanzarote. Nous avons décidé qu'une explosion nucléaire expliquait la désolation ambiante, le manque de touristes, les infrastructures abandonnées, sinon le néant absolu de tout rendait la situation anxiogène. Parfois sur la route, flashback de La colline à des yeux, nous attendions fébrilement l'attaque des consanguins irradiés cachés derrière les cactus et les fourrés calcinés.

Néanmoins nonobstant cependant, je reviens reposée, en attente de design et de pédanterie parisienne, pour mieux les vomir d'ici trois jours maximum.

It's good to be home.