lundi 23 novembre 2009

Cinéma coréen, tu es euh mien ? Bien ? (ouais bon ben si vous avez une meilleure idée de titre...)

Aujourd'hui, malade comme quand on est malade.

Alors du coup, parlons cinéma.

Malgré une nippophilie assumée, ces dernières années, en termes de cinéma, j'effectue un lent mouvement de reptation vers la Corée. Saturation de films japoniso-verdâtres, avec du macabre et du evil spirit dedans. Léger ras-le-bol des diaphanes jeunes filles en fleur qui font le sexe torride et rentrent jouer à Hello Kitty avec leur air de ne pas y toucher (tsssk).

La Corée, en revanche (geste emphatique avec les bras et points de suspension...)

Ca m'a l'air plus sale, moins sous contrôle que le Japon. Une asie corrompue par le christianisme, ça fait de super bons films. Park Chan Wook, par exemple, et sa trilogie : Sympathy for M. Vengeance, Old Boy et Lady Vengeance. Un tryptique dont bien des gens ont dit beaucoup de mal : esthétisant, cruel, ultra-violent, facile, grandiloquent. Oui, c'est vrai. Et rhooo, ben dis donc, comme une connasse, j'ai vachement aimé.

L'immersion dans l'univers du réalisateur s'est faite via "Sympathy" : je me rappelle de mes hoquets de dégoût pendant le matage du film. Souvenir assez précis de la bande-son (les os qui craquent), des thèmes centraux colère-vengeance-violence, le sexe asiatique enfin sali et entaché de ce qui fait mon quotidien : ces putains de valeurs chrétiennes, qui compliquent tout, en rendant ce tout visqueux et collant comme du natto. Puis "Old Boy", film magistral d'une perversité absolue, avec pour apex ce plan séquence où le héros pulvérise une bonne centaine de connards avec ses poings et un marteau (aucune symbolique post-communiste à y voir là dedans, hein, que les choses soient claires).

Et pour finir Lady Vengeance, qui m'a fait hoqueter de tristesse en tordant mes doigts sur le joli fauteuil rouge du cinéma. Parce que tous ces sentiments troubles et assez peu valorisés socialement il faut bien le dire (surtout quand tu es une fille - la haine, la colère, le poing qui part un peu tout seul, tout ça) c'est du travail, pour le garder dedans, et surtout pour tenter de le dissoudre dans la raison et la prise de distance, la parole du Christ Roi et les jupes qui tournent. En sortant du ciné, les yeux bouffis par le trop plein d'amour, je voulais faire un bisou à Lady V, mais nos schedules étant assez peu compatibles, j'en ai juste fait mon icône christique, I want to be white too.


Breeeef. Hier soir, visionnage de Locataires, de Kim Ki-Duk. Descriptif qui ne donne pas envie : une douce anesthésie, une heure trente de film émaillée de 12 lignes de dialogue, un jeune homme quelque peu alterno dans son approche du quotidien, du genre qui squatte les apparts momentanément délaissés sans y rien voler ; une femme battue, belle bien entendu, ils se croisent, ne se quittent plus, enfin si sinon pas de tension dramatique ; on note la présence redondante et rebondissante de nombreuses balles de golf qui disent bien des choses en filigrane à ceux qui veulent bien y penser et puis voilààà.

Plus sérieusement quoique pas tellement, il faut voir ce film parce que :
Ghafsa, cette sublime chanson de Natacha Atlas vient rythmer de manière lancinante et tragique les images de l'amour qui se contruit ; j'étais émue d'entendre ma langue faite de miel et de kalashnikov dire l'amour coréen.
Les regards des deux acteurs, leur sourires de créatures facétieuses qui subodorent que ça ne va pas durer.
Le grand rien des ensembles urbains oppressants qui finiront par avoir notre peau, les gens navrants qui y grouillent, la police aussi laide là-bas qu'ailleurs, les vieux maris pourris, leur bouches veules.
Les belles images qui disent les choses tristes des gens tous seuls, la grâce de l'acteur qui apprend à se faire ombre de lui-même, et ce baiser final fait de compromis puisque la vie est souvent moche mais qu'on veut quand même embrasser les garçons qui nous plaisent. Un film beau et douloureux, et la certitude pour ceux qui auront du mal à se réinventer, que l'on peut aussi se rêver, et ma foi, c'est déjà pas dégueu.


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