jeudi 26 mars 2009

On and on and on and on.

Dave Gahan. Je me demande comment un mec qui bouge comme un non-hétérosexuel total peut me mettre le feu comme ça, du pli du coude à la fossette du dos, wam bam tchiklik bam, j'admets que c'est un peu une question à la con mais c'est pas normal que je fasse des clins d'oeil à mon écran et que je rougisse en lui disant Dave, tu danses vraiment trop bien comme une pute trop bonne qui chanterait en plus du Depeche Mode trop bien.

On réfrène son envie de phraser, genre "Dépouille Mèche" ou "Des Pèdes Moches".

Le truc important c'est que leur nouveau morceau, Wrong, clip ci-après, te prend au niveau de l'épaule et te bistourise douuuucement vers le bas, en suivant bien la musique avec du désespoir dedans, avec des tressautements pervers pour faire encore plus mal. C'est oppressant, cruel, beau, Dave, moite, urbain, Dave, post-catholique (mais pré-Ratzingerien).



Nonobstant, j'étais à Bordeaux toute la journée aujourd'hui. J'en ai vu : la gare, le taxi, la salle de réunion, le taxi, la gare. C'était vraiment à chier, globalement.

mardi 24 mars 2009

My heart belongs to daddy

Gran fucking Torino.

J'ai lu les critiques, je sais ce qu'il faudrait à peu près dire, en jetant une mèche inspirée par dessus mon cortex joli. Mais j'ai le palpitant serré comme un poing de prépubère colérique ET envie de danser un slow.

La seule chose que je puisse assumer là tout de suite, Clint ma couille, c'est mon désir brûlant de toi, ces barres de rire et ces larmes que tu as fait couler, orduroscope. Je ne pouvais plus respirer et j'ai hoqueté "OK, je pleure au ciné".


Je ne vais pas raconter l'histoire, il y a des sites spécialisés pour ça, avec un contenu genre riche. Synopsis mise en perspective références classieuses dialogues chiado-drôles et intégration dans l'oeuvre Eastwoodienne bon ok je raconte mais vite fait : un wannabe waspien raciste au dernier degré malgré ses ascendances polonaises catholiques, vétéran de la Corée au demeurant, voit son quartier de prolos clean envahi par du bridé qu'il est exotique.

"Grou grou", fait le Clint

Sa femme meurt, ses enfants sont à chier, il était aigri il devient minéral. Fort étonnamment, par une suite de situations cocasses, il copine avec la progénitude niakwé des voisins, se révèle figure paternelle d'appoint, s'implique un peu trop dans le hood, voit ses presques enfants violentés et dans une pulsion Dirty Harryesque, décide que merde alors non, ça va chier. Mais en fait foin de violence éhontée : il se sacrifie christiquement, je chiale comme une pleureuse professionnelle, musique triste, rideau.


Chapeau (melon et bottes de cuir)*, homme aux cheveux blancs.

*Copyright Y.

Là c'est quand Clint, il boit sa bière virilement en regardant la steppe,
les doigts délicatement posés sur le pli du pantalon

dimanche 22 mars 2009

Vintage kind of mood

Déconsommation, qu'ils disent. La connasse moyenne se rend compte qu'au vu de la crise, et des tarifs pratiqués par les créateurs de vêtements, certains changements dans sa routine consumériste s'imposent. Fille de mon époque, et malgré mon horreur du suint des autres, j'ai admis la possibilité de la boutique vintage, et y ai trouvé des objets générateurs d'enthousiasme.


Lunettes lolitesques, nimbées d'une vraie aura de secrétaire perverso-menthe à l'eau. Une montre Timex, avec une typo sublime, le verre légèrement rayé, le bracelet trop grand, nonchalance, genre si tu veux je te donne l'heure comme ça, sans même que tu me la demandes. Deux accessoires en cohérence totale avec le vert d'eau de la table du café...

Et après une après-midi de déambulations shoopingesques avec l'ami R., il fallait une soirée harmonisée, histoire de pouvoir définir un mood du jour. La soirée fut passée backstage à la Flèche d'Or, avec S., le soul mate de mes 17 ans , qui sait mieux que personne qui, quoi, pourquoi et comment. On a bu, dansé comme la législation l'interdit de le faire, ri des approches foireuses des filles et garçons qui tentaient de s'immiscer dans notre duo de hyènes. Et on s'est dit les choses que se disent les amis, et qui te nourrissent, te réparent de l'intérieur et participent à renforcer tes défenses immunitaires.

Mood vintage donc, oldies but (damn) goodies.

mercredi 18 mars 2009

Sharif don't like it.

Désarroi. Généré par un truc écrit en couleurs moches sur tous les bus de la ville.

Parce qu'un jour la RATP, elle a convoqué sa cellule de com', elle lui a dit, "Cellule, ça serait bien que tu nous trouves un truc qui ferait que les usagers valident leur titre de transport dans le bus."

Alors la cellule de com, elle a activé :
  • un concepteur-rédacteur internalisé ;
  • une agence partenaire ;
  • la nièce du PDG - elle venait de sortir de lettres modernes et faut bien que ça bosse, quoi, vu que globalement, lettres modernes, c'est pour attendre de trouver un mari quand tu es une fille de bonne famille ou que tu fais fi des contingences financières pour de bien étranges raisons, genre "une passion pour l'écriture" (battage de cils).
Bref, la personne retenue, le rédac donc, il a bossé, il a peut-être organisé des brainstormings avec ses pairs, et il a assumé de présenter devant des décideurs tout émoustillés :

"Dans le bus, je valibus".

Tadaaaaaa.

Et les mecs, en face, ils ont fait "Ha ouais", et ils ont validé. Ils ont donc payé de l'argent pour ça. (Geste avec du désarroi dedans).

Et le rédac, il a du se retenir de partir en barre de rire devant tout le monde, appeler sa femme en sortant de réunion, lui dire "Francine, tu sais, l'autre jour, la connerie que nous a sortie Vulvette (leur fille, mais qui pourrait s'appeler Ugoline ou Pommeraie ou l'un de ces noms à la con que les gens donnent à leurs enfants de nos jours), ben c'est validé". Rire gras, baise éhontée, fuck the world, vertige grisant du foutage de gueule total, orgasmes multiples.

Tous les matins, ça m'écorche l'oeil et dans le bus, je regarde ce qui est devenu un mantra anxiogène. Si on va au bout de la démarche et qu'on décline sur tous supports, ça donne :
"Dans le métro je valimétro"
"Dans le RER je valiRER"

Et ta mère, bande de balnaves, argleu, colère, frappage de sac de boxe, foulage de poignet.

(Il arrive parfois que je m'énerve pour des raisons valables, des sujets de fond, sociétaux, géopolitiques : la guerre, les salauds ou le taux de natalité dans mon immeuble. Mais clairement, pas depuis quelques années. Ca fait monter la tension et après je m'engueule, je pleure, je vomis l'humanité, donc moi aussi, et se vomir est douloureux au niveau de la trachée artère).

jeudi 12 mars 2009

Show me the fuckin proof

Qu'est-ce qui confirme le fait qu'on vieillit, lorsque l'on se regarde dans le miroir et qu'hormis un léger mieux en termes de gestion du maquillage et un léger pire en termes de cernes, on ne se voit pas changer ?


Les rites classiques sociétaux ? Le mariage, le passage au statut cadre, l'arrivée de la marmaille, l'achat de son lieu de vie, l'acquisition d'une gentilhommière en région Loire ?

L'achèvement du projet d'une vie ? La maîtrise de son art ? Les gars, merde, je bosse dans le tertiaire et ce que je fais le mieux, c'est euh boire ? Sinon, j'imite aussi assez bien les Penjabis quand ils parlent anglais.

C'est s'être enfin défini le contour, genre CA c'est moi, ouais mec, UMPiste, adventiste du 7ème jour, amatrice de bouffe moldave et adepte du yoga bikram, envers et contre tous, et si t'es pas content, mec, viens qu'on s'frappe qu'on s'fâche qu'on s'lâche...
... mais quand on se présente bien volontiers comme schizophrène assumée cependant adepte du "ben je me situe pile poil à équidistance de vos deux avis et donc je euh n'en ai pas"... Nope.

Ce qui me fait me rendre compte de mon âge, ça pourrait être l'achat de ma première crème "Première Rides" chez Pouffiassa, c'est le "madame" qu'on te sert dans les commerces de bouche, c'est bloquer sur un jeune homme dans la rue et constater qu'il est en train de se demander si tu n'es pas sa prof de TD... (je l'ai vu dans ses yeux). C'est se rendre compte qu'aucun groupe récent ne te fait vibrer, que depuis la techno, tu n'as pas l'impression qu'il y ait eu un "vrai gros nouveau son", que tu écoutes en boucle des oldies et tes trucs de jeune-d'avant, que tu madeleine-de-Proustises en mode permanent. En fait.


Point d'interrogation en corps gras taille 27 couleur rouge, geste interrogatif de la tête, levage de sourcil, triple salto avant, choré du Prince de Bel Air, trébuchage sur la table basse, cognage du petit orteil, hurlements, injures araboquébéquoises.


mercredi 11 mars 2009

Wanna kick it in the snakepit ?

Il y a des jours, j'aimerais bien être vendeuse de sodas. J'aurais une fontaine à soda, et je servirais des sodas (globalement). Mais genre, des sodas différents, conditionnés sous différents formats, pour ne pas me lasser.


Ces réflexions sur une reconversion professionnelle éventuelle voire nécessaire, c'est parce que je m'inquiète. L'autre jour en réunion stratégique (mode DefCon niveau 3 sur l'échelle du horror-core), mon client (appartenant au top manageument d'une taupe sociétèche > passage en DefCon 4) me vanne parce que je jargonne.

(moi) (je) (jargonne). Yep, je prends ma voix grave et je bave du franglais pathétique, je me rassure avec mes mots doudous de professionnelle en carton, j'étale bien la glaire protectrice, gnê douce anesthésie. Groa (niveau 5 sur l'échelle du "j'ai super la haine je l'avais pas vu venir ça sort tout seul maintenant").


Ce qui me rassure : le lundi matin, j'arrive dans l'open space en écoutant du métal 80's ou de l'indus, et je me fais mes clips mentaux de type "SlaughterThatBitch", à base de meurtres rituels, de blasphèmes envers la mamelle du tertiaire qui me nourrit. Et de popopopo.


(Regard gêné de la fille qui sait que quelque part, elle a perdu).




Image à vocation dé-dramatisante.
Pour ne pas finir sur une note amère, en somme.

dimanche 8 mars 2009

I'm just a geurl


Bon, on avait quand même dit que c'était un blog de fille, donc fatalement, il fallait bien que je finisse par parler de vêtements.


Alors vu que le précédent billet parlait de goths, j'enchaîne sur le défilé des Devastée, binôme de créateurs français, qu'ils sont bien, qu'ils sont dark, qu'ils choisissent des égéries de bonne facture, et tout cela, sans sombrer dans le cliché facilo-chiant du jeune créateur gothico-dépressif.


J'avais eu la chance d'assister à leur précédent défilé, fait de soie martelée et modèles délicats, limite "charme discret de la bourgeoisie qui joue au tennis." Cette saison-ci, on repart sur une palette chromatique deux tons - noir et blanc, des coupes épurées, une inspiration college girl, des robes de Mercredi et les "imprimés Devastée", jolie farandole de visages anxiogènes, de citations morbides et de crânes grimaçants. J'aime bieeen.


Crédit photo : Zimbio

In the heat of the moment...


Ma rencontre avec le gothique, c'était en 3ème. Petit Julien, asiat' au crâne à moitié rasé, paras défoncées, était devenu un ami, même si ma mère, maladroite as always, l'appelait "jeune fille". Un jour de squat at home, j'ai compris à son regard excédé que mes cassettes punk et garage rock US commençaient à le saouler, j'ai donc ouvert les écoutilles et accepté de jeter une oreille à ces groupes aux noms classieux qu'il écoutait : Bauhaus, Joy Division, Sisters of Mercy, Alien Sex Fiend, Virgin Prunes, Christian Death...

Adhésion immédiate : l'imagerie, les références littéraires, le look, tout m'a plu. Néanmoins étant dotée d'une vraie allergie aux groupes-de-gens, je n'ai jamais été une vraie Goth du Milieu. Mais 17 ans plus tard, j'écoute toujours avec plaisir certains groupes, dont les Sisters of Mercy, vus hier soir en concert au Bataclan avec mon amie A. vraie gothique en cuissardes qui tue les hommes avec ses yeux émeraude.

Et ma foi, Andrew Eldritch, lead singer originel, nous a surprises : il semblait content d'être là (après des années de boycott des scènes françaises et une faculté unique à tirer la gueule), il a bougé (les bras notamment) plusieurs fois (pour faire oublier la raideur cadavérique de son dernier concert il y a deux ans), et a même concédé deux rappels (wouw). Un bémol : arrêtez, avec les fumigènes. On ne se voit plus tousser, après.

Andrew. Soupir.

Et surtout, il a joué le jeu du old-schoolisme... Parce que clairement, nous aut' trentenaires, ne venions pas découvrir ses morceaux récents (pardon Andrew), mais juste hurler nos hymnes Sistersiens préférés : Alice, Corrosion, Marian et autres morceaux cultes. Il a été gentil Andrew, il a donné.

Ca fait aussi beaucoup de bien d'aller à un concert où, malgré le poids des années, on reste les plus jeunes. Coquetterie. Alors on est rentrées chez nous, après avoir dansé langoureusement en susurrant les paroles, avec des envies de balades amoureuses dans une ville d'Europe de l'est avec un homme un vrai, muni de lunettes de soleil en pleine journée et des cernes bruns. J'ai rangé ma broche araignée. J'ai hâte de la ressortir.

Broche araignée et zombie crucifié



mercredi 4 mars 2009

Ce livre, il est bien.

Alors attention. Pas inoubliable, pas expérimentalo-troublant, pas le Livre de la Révélation des Trente Piges. Nan, le livrou sympathique qui te fait l'aller-retour Paris-Barcelone et tu es bien contente quand tu le refermes, petit clapotement de la langue satisfait, et en plus après tu dors la nuit, c'est pas comme cette Chloé Delaume de malheur, elle après son Certainement Pas, j'ai mordu mon oreiller pendant 6 heures, ou Selby Jr, ou Wittkop, des auteurs qui décident de t'enlever la peau du coeur à l'économe, délicatement.

Donc oui. Le livre est de Philip K. Dick mais attention (again) : ce bouquin là n'est pas de la SF. Pour les gens qui ont eu une vie de 13 à 18 ans et qui sont des filles : Dick est un auteur de science-fiction devant lequel on génuflexe. On lui doit juste Ubik, l'obsession des temporalités/ mondes/réalités parallèles, Blade Runner et autres références mineures du genre. Un jour d'ennui, Philip a du se dire que crénom, il serait de bon ton d'écrire aussi des bouquins avec de la vraie vie dedans, et pas uniquement des personnages qui s'appellent Rondinella Fugate ou des drogues intergalactiques qui se sussurent D-Liss.

Philip K. Dick by Pete Welsch

Et donc, le livre en question, c'est : Les voix de l'asphalte. Dedans, vous y trouverez : la première moitié du 20ème siècle, du fondamentalisme protestant, des rednecks white-suprémacistes, un mec qui, comme dans Le démon de Selby va vaguement péter le câble de sa vie. Mais lui s'en remettra. Lalala.

En gros, ça m'a fait le même effet antalgique qu'un Stephen King. Que je considère froidement comme un sous-auteur (malgré un style repérable et une scansion particulière, plus particulièrement dans les nouvelles), mais de génie (le mec, avec ses histoires, il est juste trop fort, je l'aime, il m'a sauvé certaines soirées de spleen adolescent hormonalement induit).

Je raconte mal les livres, je les prête d'habitude, d'un air goulu, je dis trois mots clés, le pote opine, fini. J'aurai dû faire lettres modernes. Je saurai vous dire les livres. Je serai maquée avec un bassiste jazz et on habiterait le 9ème arrondissement. Wou-houw.