dimanche 29 novembre 2009

Kawaïeries

Etant entendu que, forte d'une personnalité darkisanto-cynique, je ne puis adhérer à Hello Kitty et autres animaux totems trop pleins de courbes niaiso-pioutes, il a fallu que je trouve un exutoire à ma tendresse-de-fille-pour-des-objets-régressifs.

J'ai opté pour les trucs qui ont l'air con. J'ai déjà hurlé, en caisse, exhortant mon conducteur à s'arrêter, juste à la vue d'un hérisson géant en peluche qui avait vraiment vraiment l'air débilou et que je voulais d'amour.

Chez moi, entre une peinture sataniste et un tableau d'Assadour, j'accumule donc des débilouseries.

Cette peluche de ceinture, gracieusement offerte par Da D' & sa mie. Je l'ai customisée en lui enfonçant un délicat poignard de chez moi dans les entrailles, pasque sinon il était trop kawaï.


Cette méduse facétieuse, qui doit servir de lampe rapport à son orfice crânien, mais que j'ai posée sur mon bouquin de Martin Parr, rapport à la cohérence.


Mais depuis quelques temps, ces objets ont trouvé leur maître.

Poussinou.


Poussinou est un objet de désir immédiat, je l'ai vu, je l'ai voulu. Tricoté à la main par une Ketty qui n'est pas dépourvue de talent, on le trouve chez Monsieur Poulet. Tout en lui me bouleverse : ses pattounes rachitiques qu'un léger souffle de vent fait tressauter. Son poing levé en guise de check totalement street. Sa casquette love, qui résume à elle seule tout le rose et la douceur que Poussinou peut apporter à ta vie, consommateur. Sa rondeur parfaite, certainement calculée à partir du Nombre d'Or. Son bec malicieux. Et la totale séduction qu'il exerce sur tout ce qui est muni de seins et d'une bouche pour faire "Rhoo non mais il est trop mignon je le veux tu l'as trouvé oùùù ?".

La maman de Poussinou, c'est Ketty,
sa marque s'appelle Ketty Sean Doll & Plush

Chez Monsieur Poulet, nom de dieu. Et tu lâches Poussinou, ou je t'enfonce un trombone dans la narine et je te chatouille.

Monsieur Poulet, the shop, se trouve 24 rue de Sévigné dans le 4ème arrondissement.

Maintenant, je vais aller manger de la viande.

jeudi 26 novembre 2009

Message personnel à Rick Owens

Rick, stop.

Arrêêête.

Arrête de faire des choses belles, mais douloureusement inabordables. Arrête de créer les vestes les plus Fremeniennes de l'univers, qui donneraient de l'allure même à un veau marengo. Et de les vendre à 2 500 euros minimum.

Ca suffit.

Je n'en puis plus.

La vendeuse du Bon Marché sait, quand elle me voit arriver, que je vais me frotter à tes peaux d'animaux morts en beuglant mon chagrin, ma douleur immémoriale, ma frustration, mon envie de défier la loi sur les transactions commerciales et de courir vite avec la frusque sous le coude, les yeux brillants.

Cette radasse attend juste le jour où elle pourra appeler la sécurité parce que j'aurai perdu mon flegme britannique et que je m'enroulerai dans mon modèle préféré en l'agrippant avec mes serres, telle la fière Sayyadina du désert que je suis.

Et maintenant des bottes ? You. Fucking. Pervert.

Mais comment je coucherais avec un gnou UMPiste pour les obtenir (avis aux gnous de droite attirés par les connasses brunes superficielles légèrement addicts à Rick Owens mais qui n'ont clairement pas les moyens de leur politique - le monde entier sait que le gnou étant essentiellement socialiste, c'est juste une indecent proposal pour rire, en ce moment je couche gratuit, c't'une révolution, la vie ne m'apprend rien).

Les Bottes (silence religieux).

Photo de Jak&Jil, subtilisée sur le blog du même nom
(que il faut cliquer sur blog pour y arriver),
une torture quotidienne pour une fétichiste de la chaussure,
en bref, c'est du talent & du talon.

lundi 23 novembre 2009

Cinéma coréen, tu es euh mien ? Bien ? (ouais bon ben si vous avez une meilleure idée de titre...)

Aujourd'hui, malade comme quand on est malade.

Alors du coup, parlons cinéma.

Malgré une nippophilie assumée, ces dernières années, en termes de cinéma, j'effectue un lent mouvement de reptation vers la Corée. Saturation de films japoniso-verdâtres, avec du macabre et du evil spirit dedans. Léger ras-le-bol des diaphanes jeunes filles en fleur qui font le sexe torride et rentrent jouer à Hello Kitty avec leur air de ne pas y toucher (tsssk).

La Corée, en revanche (geste emphatique avec les bras et points de suspension...)

Ca m'a l'air plus sale, moins sous contrôle que le Japon. Une asie corrompue par le christianisme, ça fait de super bons films. Park Chan Wook, par exemple, et sa trilogie : Sympathy for M. Vengeance, Old Boy et Lady Vengeance. Un tryptique dont bien des gens ont dit beaucoup de mal : esthétisant, cruel, ultra-violent, facile, grandiloquent. Oui, c'est vrai. Et rhooo, ben dis donc, comme une connasse, j'ai vachement aimé.

L'immersion dans l'univers du réalisateur s'est faite via "Sympathy" : je me rappelle de mes hoquets de dégoût pendant le matage du film. Souvenir assez précis de la bande-son (les os qui craquent), des thèmes centraux colère-vengeance-violence, le sexe asiatique enfin sali et entaché de ce qui fait mon quotidien : ces putains de valeurs chrétiennes, qui compliquent tout, en rendant ce tout visqueux et collant comme du natto. Puis "Old Boy", film magistral d'une perversité absolue, avec pour apex ce plan séquence où le héros pulvérise une bonne centaine de connards avec ses poings et un marteau (aucune symbolique post-communiste à y voir là dedans, hein, que les choses soient claires).

Et pour finir Lady Vengeance, qui m'a fait hoqueter de tristesse en tordant mes doigts sur le joli fauteuil rouge du cinéma. Parce que tous ces sentiments troubles et assez peu valorisés socialement il faut bien le dire (surtout quand tu es une fille - la haine, la colère, le poing qui part un peu tout seul, tout ça) c'est du travail, pour le garder dedans, et surtout pour tenter de le dissoudre dans la raison et la prise de distance, la parole du Christ Roi et les jupes qui tournent. En sortant du ciné, les yeux bouffis par le trop plein d'amour, je voulais faire un bisou à Lady V, mais nos schedules étant assez peu compatibles, j'en ai juste fait mon icône christique, I want to be white too.


Breeeef. Hier soir, visionnage de Locataires, de Kim Ki-Duk. Descriptif qui ne donne pas envie : une douce anesthésie, une heure trente de film émaillée de 12 lignes de dialogue, un jeune homme quelque peu alterno dans son approche du quotidien, du genre qui squatte les apparts momentanément délaissés sans y rien voler ; une femme battue, belle bien entendu, ils se croisent, ne se quittent plus, enfin si sinon pas de tension dramatique ; on note la présence redondante et rebondissante de nombreuses balles de golf qui disent bien des choses en filigrane à ceux qui veulent bien y penser et puis voilààà.

Plus sérieusement quoique pas tellement, il faut voir ce film parce que :
Ghafsa, cette sublime chanson de Natacha Atlas vient rythmer de manière lancinante et tragique les images de l'amour qui se contruit ; j'étais émue d'entendre ma langue faite de miel et de kalashnikov dire l'amour coréen.
Les regards des deux acteurs, leur sourires de créatures facétieuses qui subodorent que ça ne va pas durer.
Le grand rien des ensembles urbains oppressants qui finiront par avoir notre peau, les gens navrants qui y grouillent, la police aussi laide là-bas qu'ailleurs, les vieux maris pourris, leur bouches veules.
Les belles images qui disent les choses tristes des gens tous seuls, la grâce de l'acteur qui apprend à se faire ombre de lui-même, et ce baiser final fait de compromis puisque la vie est souvent moche mais qu'on veut quand même embrasser les garçons qui nous plaisent. Un film beau et douloureux, et la certitude pour ceux qui auront du mal à se réinventer, que l'on peut aussi se rêver, et ma foi, c'est déjà pas dégueu.


mercredi 18 novembre 2009

Happiness : ugly hippy shit

Dans l'ordre :

- Je n'ai (plus trop) envie de bologuer. J'ai très envie de consacrer mon temps de cerveau disponible à ne plus poser de regard critico-cynique sur, globalement, rien. C'est pas que la vie est soudain devenue belle, c'est que là tout de suite je m'en fous, géopolitique mon cul, tout ça.
(A la place, je m'exfolie les jambes trois fois par semaine, je bois du vin et j'envisage les mois à venir avec une relative sérénité. Voire même, avec une excitation dépourvue, et c'est rare, de tout voile dark pudique que l'on ramène par facilité sur toute source de joie de façon à se prémunir de l'horreur de la phase de décristallisation vous pouvez respirer et je vais même mettre un point à la ligne.)

- J'ai très envie de me retrouver là, ci-dessous par devers vous, en famille, d'ici quelques semaines.
(Elle va se faire le putain de voyage "lagon bleu azur et plage blanche et coquetaile et rien", si ce n'est l'intégrale de Dune à relire, les orteils enfoncés dans un sable plus clément que celui d'Arrakis, hate me now, balance la vanne, marbre moi la gueule, ta haine me servira d'onguent solaiiiiire)


- J'ai de façon inopinée et subite tout aussi envie de travailler mon jeté de jambes et d'apprendre à me faire un chignon austère, qui équilibrera la sexytude de mes escarpins de fillasse.
(Elle va prendre des cours de tango, le premier qui rit aura raison)


- Les journées de travail sont, encore et toujours anxiogènes et usantes. Mais à la nano-seconde où je quitte la Corporation, je ris avec mes dents.
(Elle croit savoir que ça s'appelle le recul) (Et bon OK, elle a un mec, éventuellement, elle vous en informe quelque peu tardivement lectorat toi lectorat car globalement tu t'en fous mais j'avais tellement cassé les couilles dans ma phase "célibataire tire- toi une balle et meurs, décède dans des souffrances atroces" que bon)

Du clichés du début de Quelque Chose Qui Ne Semble Pas Totalement Voué à un Echec Cuisant au Bout d'Une Heure et Demi ? Strictement rien à en dire, sinon que fort consciencieusement, je tape pile poil dedans, en tirant la langue d'un air appliqué. Rha, les regards de "je te scanne l'âme là tout de suite so you better behave young man" et en fait rien du tout, je ne vois rien du tout bon à part ses yeux, ça se trouve il se récite intérieurement sa liste de courses et moi je récite du Shelley sur un promontoire balayé par les vents violents des sanglots de l'automne monotone merde. Les debriefs débiles aux copines coites qui te tâtent le pli du coude pour être sûres que c'est toi, Darkina Radasse, Princesse Connasse devant l'éternel, dont le rôle ces derniers temps se cantonnait à raconter de manière non tragique mais consternante, avec des gestes et des citations, ses absurdes rencontres avec des mâles non compatibles...


Bon en même temps je continue à m'embrouiller au moins une fois par jour dans le métro et à écouter Guns'N'Roses, donc ça va, mon ADN n'a pas été complètement corrompu, les fondamentaux résistent, gnnn.

mercredi 4 novembre 2009

Cheval, Cow-boy et Indien (et Steven) (et Gérard) (et Mademoiselle Longrée)

Un film qualifié d'"éclat de rire de la Croisette", ça fait peur a priori. On se dit ouais bon, on visualise Evelyne Bouix morte de rire et on est pas trop sûr, du coup, de totalement rire à gorgeon déployé.

Sauf que : Panique au Village quoi, les gars. Mais siiii : si vous avez un ami graphiste et un pote féru d'humour belge, vous avez forcément entendu parler de ces courts métrages que ces belges des vertes vallées distillent avec talent (à visionner sans coup férir - ou "sans tarder" pour ceux qui aiment les mots qui ont un sens, genre, utile - Le Grand Sommeil)


Le gonzept : retour back in the days, quand tu te faisais chier dans ta chambre, et que tu construisais des histoires mêlant ta poupée Gem et les Hologrammes, des petites voitures, un cadeau Kinder Zurprise et un bout de ficelle.

Ben là c'est pareil, en gros et si vous avez raté le début, les protagonistes sont de petits persos en plastique, animés ambiance euh animés chelous (amis qui maîtrisez la terminologie, vous pouvez addender ce texte de néophyte en le rendant compréhensible merci) et le résultat est mor-tel. Avec des voix de belges. Cheval a une voix de gros renoi patibulaire, Cow-Boy celui d'un homme-fillette hystérique et Indien je ne sais plus, mais j'ai ri.


Ce sont les trois personnages principaux d'un drame abject, qui se déroule au village. On leur vole leurs murs ! C'est l'anniversaire de Cheval ! Il tombe amoureux de mademoiselle Longrée et va prendre des cours de piano ! Cow-boy et Indien sont des baltringues totales ! Du coup, moultes péripéties et rebondissements ! T'as rien compris c'est normal !

Bon, comme d'habitude, on déplore le quart d'heure en trop, que une heure ça aurait suffit amplement, mais on applaudit la belle performance du passage format court > format long, on reste scotché par l'animation, on ricane à postériori, notamment en repensant aux personnages secondaires hystériques (spéciale dédicace à Steven, le beuglard).

On vous encourage à aller le voir au cinéma, rapport au soutien à apporter aux belges, qui font des trucs, qu'ils sont bien.