samedi 30 mai 2009

Fuckin' hard-core


Lorsque l'on naît et grandit à Beyrouth période Feux d'Artifice, rien (globalement) ne peut vous réveiller ou faire bondir hors du lit en sursaut, il faut y aller au marteau-piqueur. Souvenir d'un ancien mien mec venu chez moi nuitamment, paniqué après 17 appels sans réponse, me mettre quelques baffes aller/retour, persuadé que j'étais morte sur mon canapé. Sinon, une fois, j'ai dormi en free party, à deux mètres de la baffle, avec aucun opiacé dans mon sang.

> Message clé : y'a du level, en termes de "lève toi tôt le matin si tu veux me réveiller" (sort of)

Aujourd'hui j'ai expérimenté une typologie de réveil atrocisto-poignante. Mais pas poignante de "il est bouleversant le bébé chat qui vient de retrouver sa maman chat morte". Poignante de "je me suis fait réveiller par les hurlements d'une femme coincée sous la roue d'un camion". Devant chez moi. Sommeil, rêve beige pas impliquant et soudain les aboiements hystériques des chiens-à-mémère du quartier. Et ce hurlement, une vrille intolérable qui laisse entendre très exactement la peur, la panique incrédule et la douleur. Ecroulage hors du lit, rampe cligne des yeux ouvre les volets, soleil indécent et fin du monde version petit budget. La rue bloquée, les gens affolés pas veules ni voyeurs, fourmis utiles, ça coupe la circulation des voitures et ça tourne de l'œil devant le corps encastré dans la roue avant et le châssis.

> Message caché derrière : quelle semaine de merde conclue par un apex de tristesse, soupir

J'ai fait comme pour le dernier attentat duquel j'ai eu l'insigne horreur d'être voisine. J'ai bloqué ma respiration, apnée, point sur la scène, j'en ai compris toute l'horreur, un peu voilée par la ouate du réveil et les pleurs petite fille ont commencé. Qui faut-il payer pour ne plus jamais entendre les hurlements d'une personne en train de souffrir fort ou mourir + les bruit des sirènes que la déflagration a activé + les hurlements hystériques des autres femelles (moi je pleure, c'est tout, c'est limite waspien en termes de moyen-orientalitude).

> Message clé : mal exprimé, partez sur des formulations plus claires et évitez ces passages digressifs.

J'aimerais être mon frère, lui quand une bombe explose, mort de rire version gros rire homérique foutage de gueule et discours relativiste, "rha voui on a eu bien peur, mais on n'y est pas passés woh, donc ça va, sers toi un whisky et respire frangine". J'aimerais être ma sœur médecin, qui sait les gestes et a une voix grave qui exhale savoir-faire et gestion totale du bordello (oui mais c'est moi qui lui ai parlé de Louboutin en premier back in the days, alors, hein, chacun son expertise, chacun sa route chacun son cheming).

> Message in a bottle : j'ai un dîner de famille ce soir

Je dois désormais charger cette journée en légèreté et trucs de fille et alcool mais il est encore un peu tôt et on a le sens des conventions et pas envie de vomir a jeun.

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